La drépanocytose est une maladie héréditaire récessive qui touche entre 15-25 % de la population en Afrique subsaharienne. Le Nigeria et la République Démocratique du Congo (RDC) sont les deux pays le plus concernés en Afrique avec une prévalence de porteurs (AS) autour de 25 %, soit une famille sur quatre.
L’OMS a formulé des stratégies pour la région Afrique parmi lesquelles figurent le dépistage néonatal et le dépistage précoce concernant surtout les enfants de moins de 5 ans.
La drépanocytose est un problème majeur de santé publique, caractérisée par une anémie hémolytique chronique, des crises douloureuses (vaso-occlusives), des infections fréquentes et des complications sévères touchant plusieurs organes comme le cerveau (les AVC), le rein (l’insuffisance rénale), les os (nécroses aseptiques) ou la rate (hypersplénisme, appelé kibeka en lingala, langue nationale en RDC).
La mortalité est très élevée là où il n’y a pas de dépistage précoce et de prise en charge adéquat. On estime que 80 % des enfants en Afrique vont mourir avant l’âge de 5 ans, souvent même sans que le diagnostic ne soit évoqué.
Pour pallier à ce problème, l’IRB 1-HEALTH, un centre de recherche de l’ASBL DRC EUREKA a entrepris une initiative originale de dépistage et de suivi médical grâce à un laboratoire mobile, particulièrement conçu pour être déployé rapidement en milieu rural et/ ou reculé. Ce labo, composé de 2 caissons, comprend une unité d’hématologie, une de biochimie, une de parasitologie, une chaine de froid et un petit groupe autonome de courant électrique. Il est prévu aussi d’introduire des kits de diagnostic rapide dans ces milieux ruraux afin d’accroitre le plateau diagnostic avec des outils simples à utiliser et ne nécessitant pas de sources d’énergie électrique ni de maintenance particulière.
Ce projet, piloté par le Professeur Léon TSHILOLO, expert de la drépanocytose et Directeur de l’IRB 1-Health, vise globalement près de 5 000 nouveau-nés et enfants de < de 5 ans et 2000 parturientes dans les provinces du Kongo Central, le Kasaï-Oriental et le Haut Katanga. Les malades dépistés seront pris en charge et recevront les produits essentiels (Acide folique, Peni-V, Paracétamol), ainsi que les rappels de vaccins contre le pneumocoque et autres microbes dangeurex pour les drépanocytaires. Les cas sévères pourront bénéficier d’un médicament appelé « hydroxyurée», l’unique médicament qui permet de réduire les complications graves, la mortalité et qui permet aussi aux malades une nouvelle intégration dans la société (monde scolaire et professionnel).
Ce projet a été rendu possible grâce au «grant» appelé « Grand Challenge » de la Fondation « The Bill & Melinda Gates Foundation » qui offre chaque année un appui financier à des projets sélectionnés en Afrique et qui portent sur un sujet de recherche et/ou de développement d’intérêt public.
Ce projet intitulé en anglais « Improving Sickle Cell Disease Care in the Democratic Republic of Congo (DRC) with Mobile Lab Screening» est une piste originale qui pourra contribuer à réduire l’inégalité des soins entre les enfants drépanocytaires vivant en milieu urbain et rural.
L’IRB 1-HEALTH compte parmi ses partenaires dans ce projet, la Fondation «Novo-Nordisk Haemophilia Foundation» qui appuie le projet « Hemodrepa » qui couple le dépistage de la drépanocytose à celui de l’hémophilie, une autre maladie héréditaire dont les patients sont aussi victimes de stigmatisation comme les drépanocytaires.
Laisser un commentaire à ce sujet