L’Inspection générale des finances (IGF) pousse pour que le contrat chinois de Sicomines, initialement de 3 milliards de dollars, soit révisé à la hausse, atteignant ainsi 20 milliards de dollars. Cette démarche vise à rétablir un meilleur équilibre entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Groupement des entreprises chinoises (GEC). Jules Alingete Key, le chef de l’IGF, insiste pour obtenir un engagement contraignant de la part du GEC envers des investissements supplémentaires de 17 milliards de dollars.
La Sicomines est actuellement sous le feu des projecteurs. Face à l’inflexibilité de Jules Alingete, les gestionnaires chinois de la Sicomines menacent de mettre en congé technique une grande partie du personnel congolais.
- Amitié, oui, mais pas de compromis facile, souligne l’IGF
Au cours des négociations tendues sur la révision du contrat chinois, qui porte sur les mines par rapport aux infrastructures, le président Félix Tshisekedi a recommandé de tenir compte de l’amitié sino-congolaise qui a toujours existé. Cependant, Jules Alingete Key, le chef intransigeant de l’Inspection générale des finances (IGF), ne semble pas prêt à céder aux manœuvres de charme des firmes chinoises. Selon lui, les Chinois compliquent les choses en résistant à tout amendement.
Ces négociations, qui ont débuté en juin 2023, semblent avancer lentement.
- Menace jaune
Le 10 juillet dernier, Jules Alingete, généralement pondéré, a exprimé son mécontentement face à l’attitude arrogante des délégués des entreprises chinoises, Crec, Sinohydro et Exim Bank. Il a qualifié cette attitude de « néo-colonialisme jaune » auquel les Congolais ne devraient pas se soumettre. Le rapport de l’Inspection générale des finances, publié fin février, avait déjà critiqué le caractère déséquilibré du contrat chinois, conclu il y a 15 ans, sous la présidence de Joseph Kabila. Non seulement la Sicomines, une joint-venture créée par le Groupement des entreprises chinoises (GEC) et la Gécamines, n’a pas apporté les « quelques milliards de dollars » vantés par le Premier ministre Matata Ponyo en mai 2012 devant l’Assemblée nationale, mais de nombreuses infrastructures prévues, pour lesquelles les Chinois avaient le droit d’exploiter le cobalt et le cuivre dans le Copperbelt katangais, et probablement d’autres minerais connexes non déclarés, n’ont pas vu le jour.
- Non-respect des engagements –
Ces infrastructures incluent notamment 3000 km de chemins de fer, 31 hôpitaux de 150 lits et 145 centres de santé, un dans chacun des 145 territoires de la RDC. La valeur initiale de tous les projets convenus dans ce contrat était de 6,5 milliards de dollars, avant d’être réduite de plus de la moitié, à 3 milliards de dollars, en raison de pressions du FMI et d’influences de pays occidentaux en coulisses. Pourtant, Jules Alingete déplore que la RDC ait accordé des exonérations fiscales aux sociétés chinoises qui n’ont pas produit les résultats escomptés. Les entreprises chinoises ont déjà réalisé plus de 10 milliards de dollars de bénéfices dans le cadre de ce partenariat, tandis que la RDC n’a jusqu’à présent reçu que des infrastructures d’une valeur de 822 millions de dollars, qui ont d’ailleurs été surfacturées selon l’IGF.
Selon le service de Jules Alingete, compte tenu des contributions de chaque partie à la Sicomines, il est manifeste que la RDC a été lésée, avec seulement 32 % de parts contre 68 % pour le GEC.
- La RDC réclame ses droits
C’est pourquoi Jules Alingete et l’IGF pressent le comité stratégique chargé des négociations avec les Chinois de ne pas céder, car les revendications de la RDC sont justifiées. Ce comité stratégique comprend notamment les ministres des Infrastructures, du Budget, des Finances, des Mines, la Gécamines, l’Agence de pilotage de coordination et de suivi de la convention de collaboration signée entre la RDC et les partenaires privés (APCSC), le secrétariat exécutif de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) et naturellement l’IGF. Jules Alingete insiste sur la nécessité d’obtenir une compensation financière substantielle pour les griefs liés au contrat chinois. Ces dommages et intérêts doivent également s’accompagner, en premier lieu, d’une modification de la répartition des actions et des bénéfices au sein de la Sicomines.
Deuxièmement, la joint-venture minière doit reposer sur une nouvelle répartition équilibrée des responsabilités et une augmentation significative des investissements chinois dans les infrastructures, soit au moins le double, passant de 3 à 6 milliards de dollars à court terme, avant d’atteindre 17 milliards de dollars.
Troisièmement, il faut garantir le respect des délais pour la construction et la livraison des infrastructures convenues. Du côté chinois, en l’absence de veto concernant les revendications de Jules Alingete, il semble que l’on souhaite plutôt préserver les avantages acquis à l’époque de Kabila. Cependant, l’IGF rétorque que les temps ont changé, et il faut s’adapter aux nouvelles normes.
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