Comment nos croyances guident notre perception : la vérité derrière les biais Cognitifs

De la multitude de biais cognitifs identifiés en psychologie, un nouveau modèle émerge, proposant que la plupart de ces biais puissent découler de croyances fondamentales et d’une façon de traiter l’information qui concorde avec ces croyances.

Les biais cognitifs, autrefois méconnus, sont aujourd’hui un sujet courant de discussion. Cependant, leur utilisation excessive peut parfois obscurcir notre compréhension. La recherche en psychologie a révélé plus de 150 de ces biais, mais cela dépend du cadre théorique adopté (la rationalité écologique, par exemple, ne considère pas les heuristiques comme des biais).

Des chercheurs de l’université de Hagen en Allemagne proposent une approche plus concise : voir les biais à travers le prisme de nos croyances fondamentales et de notre traitement de l’information aligné sur ces croyances.

Nos croyances fondamentales :

Les croyances fondamentales sont des hypothèses sur le monde qui imprègnent notre esprit avec une certaine précision. Selon les chercheurs, ces croyances sont communes à tous les êtres humains. En psychologie, il est bien établi que nous sommes des « machines » à générer des croyances, qu’elles découlent de schémas, de modèles, de stéréotypes ou de généralisations basées sur notre environnement.

Même lorsque cela n’est pas rationnel, nous forgeons des croyances par manque de modèles alternatifs pour comprendre le monde et notre place en lui. La religion en est un exemple, fournissant des croyances structurées. Selon ces chercheurs, les croyances sont omniprésentes et essentielles à la cognition humaine. Ils soutiennent que nos biais cognitifs résultent de croyances fondamentales telles que « mon expérience est une référence raisonnable pour réfléchir » ou « je fais des évaluations correctes des événements », car notre traitement de l’information s’aligne sur ces croyances.

Un traitement biaisé de l’information :

La psychologie a également montré que notre traitement de l’information penche en faveur de nos croyances. Nous avons tendance à confirmer nos hypothèses, à discréditer les croyances opposées et à défendre nos propres croyances. Ce mode de traitement affecte toutes les étapes, de la perception à la recherche d’informations. Les chercheurs estiment donc que cette façon de traiter l’information est propre à l’humain, indépendante de toute motivation, et que la plupart des biais sont des dérivés du biais de confirmation.

Exemples de Biais selon ce modèle :

Les chercheurs illustrent leur modèle en prenant plusieurs biais en exemple. Par exemple, l’effet projecteur, l’illusion de transparence et l’effet de faux consensus découleraient tous de la croyance fondamentale « mon expérience personnelle est une référence raisonnable », associée à un traitement de l’information cohérent. L’effet projecteur et l’illusion de transparence impliqueraient une projection de nos expériences sur autrui, tandis que l’effet de faux consensus consisterait à supposer que les autres partagent nos croyances.

Honnêteté et empathie intellectuelle comme solutions :

Pour conclure, les chercheurs rappellent que la plupart des stratégies visant à contrer les biais ne sont pas efficaces. Cependant, ils soulignent que remettre en question ses propres croyances avec honnêteté et considérer les positions adverses en cherchant activement des arguments pour les soutenir est une stratégie efficace. Plutôt que d’éviter les biais, développer des vertus épistémiques telles que l’honnêteté et l’empathie intellectuelle pourrait être la meilleure approche pour secouer nos croyances profondément biaisées.