Quand la mode se fait porte-parole de la dénonciation de la pollution. Le créateur japonais Yuima Nakazato invite à « réfléchir à l’avenir de l’industrie de la mode » avec son défilé de haute couture mixte inspiré de son voyage au Kenya, où s’amoncellent des « montagnes d’ordures » engendrées par la fast fashion. Le styliste a présenté sa collection au Palais de Tokyo à Paris le 25 janvier.
La « fast fashion », telle une restauration rapide, caractérise ces vêtements conçus par de grandes marques populaires pour être remplacés aussi rapidement qu’ils sont achetés. Les nouveautés se succèdent sans relâche, et des tonnes de vêtements à peine portés viennent enfler les décharges, notamment au Kenya.
« Je suis allé au Kenya en octobre, nous sommes en train de préparer un documentaire sur l’avenir de l’environnement et de l’industrie de la mode », raconte le styliste japonais Yuima Nakazato aux médias en coulisses du défilé.
« Les vêtements d’occasion affluent de toute l’Afrique » qui souffre de « sécheresses importantes », et « je voulais voir ce qui se passe sur place. C’est le point de départ de cette collection ».
Le sol de la salle où s’est déroulée la présentation de sa collection, au Palais de Tokyo à Paris, évoquait une décharge à ciel ouvert, remplie de vêtements. Des tenues noires accompagnées de bottes à semelles épaisses ont ouvert le défilé.
Entre « tenues colorées » et « montagnes d’ordures », « j’ai tenté de voir non seulement la beauté, mais aussi la face sombre, et de les mélanger », explique-t-il.
« Nous devons réfléchir collectivement à l’avenir de l’industrie de la mode. Il n’y a pas de réponse définitive, mais il est important d’en discuter », déclare-t-il.
La collection unisexe, qui s’est animée de couleurs tout au long du spectacle, a été présentée par des mannequins femmes et hommes, une rareté en haute couture.
La manière de porter les vêtements au Kenya est « en quelque sorte liée au kimono », vêtement japonais non genré fabriqué à partir de rectangles de tissu, selon les mêmes patrons pour les femmes et les hommes, souligne Yuima Nakazato.
En termes de matériaux, il y a également une fusion entre les deux continents : certains tissus sont fabriqués au Japon à partir de vêtements d’occasion recyclés, tandis que les couleurs beige et orange proviennent des pierres du désert africain.
« J’ai apporté des pierres pour les transformer en poudre grâce à des nanotechnologies et teindre les tissus », précise-t-il.
Dans la dernière tenue, censée être la robe de mariée de haute couture, une création aux couleurs sombres et arc-en-ciel couvre le mannequin de la tête aux pieds.
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